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Le syndrome des ovaires polykystiques
SOMMAIRE
Touchant une femme sur dix dans le monde, le syndrome des ovaires polykystiques « SOPK », appelé également Syndrome de Stein-Leventhal (noms des médecins ayant décrit pour la première fois cette affection endocrinienne), est la première cause d’anovulation et de troubles de la fertilité chez la femme. Connaît-on la cause de ce syndrome ? Comment se caractérise-t-il et comment est-il pris en charge ? Peut-on avoir des enfants lorsqu’on est « SOPK » ?
Le syndrome des ovaires polykystiques, de quoi s’agit-il ?
Une femme sur dix en âge de procréer souffre du syndrome des ovaires polykystiques qui se traduit par une surproduction par les ovaires d’hormones masculines : les androgènes.
Visible par échographie, on observe une accumulation de petits kystes autour de l’ovaire. Ces kystes sont en réalité des follicules qui refusent d’entrer en croissance lors de la phase folliculaire.
Le syndrome des ovaires polykystiques « SOPK » débute généralement à l’adolescence et seul un bilan gynécologique est en mesure de confirmer le diagnostic. Les symptômes ne sont pas toujours présents en même temps, et leur intensité peut varier :
• Règles irrégulières (anormalement espacées ou trop fréquentes)
• Pilosité importante du visage ou d’autres parties du corps
• Acné (visage, dos, seins)
• Prise de poids ou une difficulté à perdre du poids
• Taches foncées (nuque, aisselles, aine)
Si vous reconnaissez un ou plusieurs de ces symptômes, parlez-en à votre gynécologue. Une échographie et un test sanguin peuvent être prescrits dans le cadre du bilan d’exploration et seul votre médecin sera en mesure de vous aider et de vous conseiller sur la meilleure façon de gérer les symptômes.
Est-il possible d’avoir des enfants quand on est « SOPK » ?
Pas de panique, la réponse est oui, mais le degré de fertilité est très variable d’une femme « SOPK » à l’autre. Certaines femmes peuvent ovuler de façon tout à fait normale, d’autres, n’avoir que 2 ou 3 ovulations par an et pour d’autres encore, n’avoir aucune ovulation. Un point rapide avec un spécialiste de la fertilité est quand même conseillé si vous avez un projet de bébé puisqu’on sait que ce syndrome a des conséquences sur la fertilité. Le problème, dans la majorité des cas, est souvent lié à une ovulation de mauvaise qualité ou à absence d’ovulation, cependant, les femmes atteintes de « SOPK » ont un utérus normal. Si vous êtes en surpoids, il se pourrait que votre médecin vous préconise de perdre quelques kilos.
Une fois le diagnostic posé, votre médecin, pour réguler les cycles et provoquer une ovulation de bonne qualité, pourra éventuellement pratiquer des stimulations ovariennes à base de Citrate de Clomifène qui sont généralement efficaces et pour lesquelles on obtient de bons résultats. Il existe par contre un risque de grossesse multiple, les cycles stimulés sont donc à surveiller de près et la stimulation doit démarrer avec de petites doses.
Quelles en sont les causes, un début de réponse ?
Il était difficile jusqu’à présent de donner une explication sur l’apparition de ce syndrome. Mais récemment, une étude scientifique, coordonnée par le Dr Paolo Giacobini, neuroendocrinologue et directeur de recherche à l’INSERM de Lille [1], a avancé l’hypothèse très prometteuse que la surexposition à l’hormone antimüllérienne (AMH), durant la grossesse pourrait être la cause du SOPK.
En effet, l’équipe de recherche a montré que des souris traitées à l’AMH pendant la gestation donnent naissance à des femelles qui développent elles-mêmes des symptômes caractéristiques du SOPK à l’âge adulte : puberté retardée, ovulation irrégulière ou encore des problèmes de fertilité.
Jusqu’à présent nous savions diagnostiquer ce syndrome, mais sa cause restait encore inconnue et aucun traitement préventif ou curatif n’existait à ce jour. Cette découverte offre des perspectives thérapeutiques inédites.
Un traitement pour bientôt ?
À ce jour, aucun traitement préventif ou curatif n’existe. Seuls les symptômes comme l’acné ou l’excès de pilosité pouvaient être amoindris par des traitements médicamenteux.
Forts de ces observations, les chercheurs de l’INSERM ont testé sur des souris présentant un SOPK, un traitement spécifique utilisé dans le cadre de fécondations in vitro (FIV) : le Cetrorelix ©. Résultat, leurs symptômes ont disparu et leur fertilité a ainsi pu être restaurée. Cette découverte offre donc des perspectives thérapeutiques inédites qui restent à confirmer à l’échelle humaine. Des essais seraient prévus dans le courant de l’année…
[1] Centre de recherche Jean-Pierre Aubert – Neurosciences et cancer, Inserm U1172/Université de Lille/CHU de Lille – Source : Article INSERM – Mai 2018