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Parfois évoquée, brièvement abordée, mais trop souvent ignorée, la sexualité, lorsqu’on est atteint d’endométriose, est un sujet dont on ne parle pas ou très peu. Pourtant, il y a bien « une sexualité de l’endométriose » et le Dr Magalie Benoit vous explique en quoi elle peut être différente.
L’endométriose est une affection gynécologique qui touche environ une femme sur dix. Cette affection se caractérise par l’implantation de cellules de l’endomètre en dehors de la cavité utérine, siège habituel de son développement. Selon la théorie « rétrograde » développée par Sampson en 1927 – qui fait débat aujourd’hui avec plusieurs autres théories – ces cellules, au lieu d’être évacuées par le mécanisme naturel de reflux menstruel, vont remonter et coloniser des organes connexes tels que la vessie, les ovaires, les intestins en créant des adhérences, des kystes et autres lésions inflammatoires. Influencées par les modifications hormonales, ces cellules endométriales génèrent des douleurs et sont aussi mises en cause dans les difficultés à concevoir.
De l’endométriose, nous connaissons donc son impact sur la fertilité et les douleurs qu’elle provoque, mais ne manque-t-il pas quelque chose ? Maladie de la femme ou maladie gynécologique, elle touche à l’intimité féminine et semble donc être plus taboue encore, car sa description exclut régulièrement un de son aspect important : « la sexualité de l’endométriose ».
Les possibles difficultés sexuelles causées par l’endométriose.
L’endométriose est une maladie hormonodépendante qui réagit en fonction du cycle hormonal. Son traitement consiste à arrêter les règles, par privation ou diminution des œstrogènes, dans la plupart des cas par des pilules progestatives en continu. En matière de stéroïdes sexuels (hormones sexuelles), l’œstrogène chez la femme, tout comme la testostérone chez l’homme, joue un rôle primordial dans le désir sexuel.
Or, selon le cycle de réponse sexuelle féminine (Master & Johnson, Kaplan (1)), le désir sexuel correspond à la première phase avant l’excitation, l’orgasme et la résolution. Si cette première phase est supprimée, la femme ne pourra pas accéder aux étapes suivantes. Un simple traitement contre l’endométriose peut donc être la source d’un dysfonctionnement sexuel.
L’endométriose, c’est aussi la chirurgie. Différente d’une femme à une autre, la chirurgie de l’endométriose a comme particularité de toucher à l’intimité des femmes, et ce, quelle que soit son étendue. Dès l’instant où cette zone est touchée, il existera une peur ou une appréhension lors de la reprise des relations sexuelles après l’intervention. Il existe donc des facteurs suppresseurs de désir sexuel comme les facteurs hormonaux, mais aussi des facteurs psychiques comme la dépression, les pensées négatives, la peur…
Abordons enfin les douleurs chez la femme atteinte d’endométriose. Que ce soit hormonal, mécanique, psychique ou simplement l’appréhension du rapport lui-même, la douleur physique (passée, présente ou future) va créer un climat de tension dans le corps et dans l’esprit de la femme. Lors de la pénétration, ces tensions peuvent entrainer des douleurs dont l’intensité sera variable d’une femme à l’autre, pouvant même aller jusqu’à des cas de vaginisme primaire ou secondaire, et lorsque la pénétration est possible, certaines patientes se plaignent de douleurs qui peuvent être associées à des dyspareunies qui ne doivent en aucun cas être négligées.
Ces dysfonctionnements sexuels chez la femme atteinte d’endométriose peuvent être aussi divers et variés qu’il existe de cas d’endométriose. Cela revient à dire que tous les aspects de la maladie doivent pouvoir être pris en charge pour que la sexualité soit vécue le mieux possible pour la femme, pour l’homme et pour le couple.
Des ateliers dédiés à la « sexualité de l’endométriose »
L’avis du Pro !
Endométriose : mieux vivre sa sexualité.
Lorsque le couple rencontre des difficultés sexuelles, un accompagnement sexologique avec un professionnel diplômé est indispensable. Cet accompagnement permettra d’apprendre à vivre différemment sa sexualité avec une endométriose. Le sexologue vous apprendra par exemple à vous réapproprier votre corps, à faire des exercices de relaxation pour gérer la douleur, à être autrement disponible sexuellement…
Dr. Magalie Benoit – Psychopraticienne spécialiste du couple et de la PMA.
En juin 2018, lors d’une étude, Magalie Benoit, Docteur en sexologie et Psychopraticienne, s’est associée à l’association MEMS METROPOLE pour évaluer la santé sexuelle des femmes atteintes d’endométriose.
Cette étude a mobilisé 220 femmes qui ont pris le temps de se confier sur leur sexualité, leur maladie et leurs difficultés. Ainsi, il a été possible d’identifier les difficultés de « la sexualité de l’endométriose » afin d’y répondre le plus précisément possible.
De cette étude sont nés quatre ateliers exclusivement dédiés à « La Sexualité de l’endométriose ». Ils démarreront en septembre 2018 et seront un lieu d’échange, de partage et d’intimité pour ces femmes, ces couples qui ne sont parfois pas entendus.
Les ateliers seront organisés au Centre de la Fertilité de l’Est Parisien, 30 rue Floréal 93170 à Bagnolet.
Les inscriptions sont ouvertes mais les places sont limitées :
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(1) William Masters et Virginia Johnson sont des sexologues américains qui ont élaboré un modèle linéaire appelé «réponse sexuelle», séquencée en 4 phases de la manière suivante : désir, excitation, orgasme et résolution.
MEMS Métropole : Site internet