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C’est une nouvelle que beaucoup de femmes attendaient. Aux États-Unis, le premier traitement destiné à lutter contre les douleurs de l’endométriose a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA, l’équivalent de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament en France). Maladie gynécologique, encore mal connue, l’endométriose cause de fortes douleurs chez les femmes en âge de procréer, elle toucherait même 1 femme sur 10.
Orilissa®, c’est le nom de ce nouveau médicament qui permet de diminuer les douleurs liées à l’endométriose. En plus d’être onéreux, il n’est pas sans risque pour la santé puisqu’il présente de nombreux effets indésirables.
Endométriose : une maladie encore mal connue
Règles très douloureuses parfois insupportables, risques d’infertilité, douleurs pendant les rapports… L’endométriose est caractérisée par la présence de cellules utérines en dehors de l’utérus. Ces cellules réagissent aux œstrogènes, les hormones féminines, pendant les règles, ce qui provoque des douleurs intenses. Cette maladie relativement mal connue toucherait de 6 à 10 % des femmes en âge de procréer (soit deux à quatre millions de femmes en France).
Même si depuis quelques années la maladie est un peu plus médiatisée, l’endométriose est tardivement diagnostiquée, l’association EndoFrance parle d’un délai moyen de cinq années. Sa prise en charge reste aussi lacunaire et les traitements proposés pour soulager les douleurs ne sont pas réellement efficaces et ont de nombreux effets indésirables.
Peu d’innovation, mais des améliorations
Le 6 juillet dernier, le « New England Journal of Medicine » publiait les résultats des premiers essais cliniques, plutôt concluants. Le nouveau médicament baptisé Elagolix (et commercialisé sous le nom Orilissa®) diminue les douleurs menstruelles et pelviennes (dans le bas-ventre et la zone génitale) en diminuant la production des hormones responsables des symptômes douloureux.
Résultat, près de 50 % des patientes ayant pris ce traitement ont constaté un réel soulagement des douleurs pelviennes liées à l’endométriose. Le médicament a aussi permis de réduire des douleurs ressenties lors des rapports sexuels.
Actuellement, les traitements de première intention pour endiguer les douleurs liées à l’endométriose restent la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et/ou la prise en continu de contraceptifs oraux contenant des progestatifs. Malgré tout, les femmes ne sont pas complètement soulagées par ces méthodes. Il existe également un traitement hormonal par injection, mais celui-ci comporte de nombreux effets secondaires, comme une prise de poids, des sautes d’humeur, des troubles gastro-intestinaux ou des conséquences sur la densité osseuse créant un risque accru d’ostéoporose. C’est ce dernier que le médicament Orilissa® vise à remplacer.
Il ne s’agit donc pas là d’une grande innovation, mais simplement d’une amélioration dans la prise et la durée du traitement. En effet, sa principale action étant de légèrement diminuer les œstrogènes, il peut donc être pris sur le long terme (deux années) et par voie orale. En comparaison, les injections hormonales, moins pratiques pour les patientes, réduisent plus fortement les œstrogènes et ne peuvent être prises que sur six mois maximum.
Un traitement onéreux et avec des effets indésirables
Néanmoins, l’Orilissa® comporte de nombreux effets indésirables. Chez certaines patientes, les chercheurs ont relevé une hausse du risque de fausse couche, des maux de tête (chez 20 % des patientes de l’essai clinique) ou des nausées (10 %), mais aussi des fragilisations osseuses entraînant un risque accru d’ostéoporose. Des effets indésirables qui seraient tout de même moins importants que ceux relevés avec le traitement par injection.
Reste que ce médicament est plutôt onéreux. Commercialisé par AbbVie sous le nom d’Orilissa®, il coûte 845 $ (soit 720 €) par mois. Le risque est donc que ce médicament ne soit pas utilisé en première intention, car trop cher.
En France, on avance aussi…
En France, cette maladie qui touche deux à quatre millions de Françaises reste méconnue, mal soignée et mal diagnostiquée. Pour tenter de remédier à ce problème et améliorer la prise en charge des patientes, la Haute Autorité de Santé (HAS) et le Collège national des gynécologues ont publié en janvier dernier de nouvelles recommandations sur le sujet.